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« ALMA. Voyage initiatique d’un astronome en terre inca », quand un astrophysicien se frotte à l’âme du ciel

David Elbaz est astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, déjà auteur de plusieurs livres de vulgarisation scientifique. Sur le papier, le prototype du cartésien. Dans son premier roman graphique, le cartésien ne disparaît pas, mais, en quelque sorte, se dédouble. Son héros, Daniel, est lui aussi astrophysicien. Il s’intéresse lui aussi aux origines des galaxies. Il a la même implantation de cheveux et les mêmes lunettes, mais, pour que l’on voie la différence entre le modèle et le personnage de fiction, Daniel a quelques kilos et années de moins que David…
Le Daniel en question est cependant moins heureux dans ses recherches, et le voici contraint d’aller au Chili, dans le désert d’Atacama, pour mendier du temps d’observation au plus puissant radiotélescope du monde, ALMA. L’acronyme signifie « Atacama Large Millimeter Array » et désigne un réseau de soixante-six antennes travaillant dans le domaine des ondes millimétriques, plantées à 5 000 mètres d’altitude sur le plateau de Chajnantor, un désert tellement élevé et aride qu’on y respire à grand-peine et que la peau s’y dessèche presque à vue d’œil.
Mais, même au milieu de ce qui semble être nulle part, on peut faire des rencontres. Tout d’abord avec un ciel nocturne fabuleux, le plus beau et le plus pur du monde – ce qui explique pourquoi bien des observatoires modernes ont été installés au Chili –, où les constellations de l’hémisphère austral dessinent un firmament déconcertant. Un choc visuel. Surtout, Daniel rencontre la communauté autochtone des Atacameños (tout comme David Elbaz l’a fait il y a quelques années, lors du tournage d’un documentaire), qui perçoit le ciel bien différemment de lui. Un choc culturel.
La force de ce récit, délicatement illustré par le dessinateur Matthieu Fauré, tient dans ces regards croisés sur le cosmos, dans l’idée que les visions du ciel, loin de s’affronter, se complètent. Les Andins voient en effet un fleuve dans ce que nous appelons la Voie lactée – notre galaxie spirale observée de l’une de ses branches, où notre Système solaire se trouve. Et, au bout de son étude scientifique, Daniel découvrira que si, des milliards d’années après leur naissance, les galaxies continuent de fabriquer des étoiles, c’est parce qu’elles sont alimentées en matière par des « fleuves » cosmiques invisibles, un des thèmes de travail de David Elbaz. « Il n’y a rien et en même temps… il y a tout », ne cesse de répéter un des personnages du livre. Les apparents déserts de l’Univers sont en réalité pleins de promesses.
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